Orgasme masculin : les hommes peuvent-ils simuler aussi ?

Publié le 24 juillet 2025 et mis à jour le 8 août 2025 par Thomas
Orgasme masculin : les hommes peuvent-ils simuler aussi ?

Dans l’imaginaire collectif, c’est toujours elle qui feint le plaisir pour ménager l’ego de son partenaire. Mais si les rôles s’inversaient ? Et si lui aussi savait faire semblant ? La LOVE Team a creusé la question.

On a longtemps cru que seules les femmes faisaient semblant. Par pudeur, par pression, ou parce que l’alchimie n’est pas toujours au rendez-vous, surtout quand on découvre un nouveau corps. Mais l’idée que les hommes, eux, jouissent à tous les coups - vite, fort, facilement - ne tient plus vraiment la route. Selon une étude Statista publiée en 2024, 42 % des hommes en France disent avoir déjà simulé un orgasme. Un chiffre loin d’être anecdotique. Alors pourquoi le font-ils ? Comment s’y prennent-ils ? Et surtout, qu’est-ce que ça dit de leur rapport au sexe, à la performance, à l’autre ? On a recueilli des témoignages, décortiqué les raisons, et réfléchi à quelques pistes si vous vous reconnaissez dans cette mécanique bien rodée du « faux final ».

Ce qui peut bloquer l’orgasme chez les hommes

On a tendance à croire que les hommes jouissent facilement, comme si une simple pénétration suffisait à les faire grimper au rideau. C’est un cliché tenace, mais la réalité est souvent bien plus nuancée. Oui, l’orgasme masculin peut aussi se faire attendre, ou ne jamais venir.

Le corps qui résiste

Certains hommes peuvent souffrir de ce qu’on appelle l’anéjaculation, c’est-à-dire une incapacité à éjaculer malgré une stimulation suffisante. Plusieurs causes physiologiques peuvent être en jeu : une anomalie dans la production de sperme, un blocage dans les canaux éjaculateurs, un trouble neurologique, ou encore des lésions nerveuses. Dans ces cas-là, mieux vaut consulter un urologue, car il ne s’agit pas simplement d’un "petit souci passager", mais d’un vrai trouble médical.

Quand le mental s’en mêle

L’orgasme, ce n'est pas qu'une affaire de mécanique : il demande aussi un certain lâcher-prise. Et c’est là que ça peut coincer. Crainte de ne pas être à la hauteur, peur d’un rapport non protégé, stress lié à une relation extraconjugale, éducation culpabilisante autour du sexe… Le cerveau peut très vite mettre le frein à main.

Parfois, le blocage est plus diffus. Un malaise avec le partenaire, une tension sous-jacente dans la relation, ou simplement un manque de connexion émotionnelle peuvent aussi faire obstacle.

Trop de porno, trop de solo

Un autre facteur possible : une consommation très régulière de porno couplée à des masturbations fréquentes. À force d’être conditionné à des stimulations très spécifiques, le corps finit par avoir du mal à réagir à des rapports “réels”, moins intenses, moins prévisibles.

Ou juste… pas envie

Et puis, il y a les jours où ça ne suit pas. Où l’excitation n’est pas au rendez-vous, même si on en a envie. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de désir ou de plaisir, simplement que l’orgasme n’est pas là. Et c’est OK.

Pourquoi il choisit de faire semblant

Dans une situation intime, dire « je n’y arrive pas » n’est pas toujours évident. Surtout quand la relation est toute neuve, ou qu’il s’agit d’un plan sans lendemain. Simuler, dans ce cas, peut sembler plus simple que d’admettre un blocage. L’homme peut craindre de froisser l’autre, de le ou la faire douter de son pouvoir de séduction. Et dans une société où la performance sexuelle reste associée à la virilité, il n’est pas rare que certains préfèrent jouer la comédie plutôt que de risquer une mise en question de leur désir.

D’autres le font par pur réalisme : quand ils sentent que l’orgasme n’arrivera pas, qu’ils n’ont plus l’énergie de poursuivre, ou tout simplement qu’ils s’ennuient, feindre l’éjaculation permet d’écourter l’échange sans lancer de débat.

Il y a aussi la question de l’état physique. Par fatigue, par manque de forme, ou après une soirée un peu trop chargée, certains hommes n’ont plus les moyens d’aller jusqu’au bout, mais ne veulent pas forcément passer pour "faillibles".

Au final, les raisons qui poussent les hommes à simuler ne sont pas si différentes de celles qu’on entend depuis longtemps chez les femmes : éviter le malaise, protéger l’autre, préserver l’ego, ou juste clore un moment qui ne fonctionne pas.

Ils l’ont fait (semblant) : trois hommes racontent

Vous pensiez que c’était un mythe ? Détrompez-vous. On a posé la question à notre communauté masculine sur les réseaux : Avez-vous déjà simulé un orgasme ? Et pourquoi ? Les réponses ont afflué. En voici trois, qui montrent à quel point les raisons peuvent être variées… et très humaines.

Jean*, 28 ans : « Je l’ai rencontrée en boîte, on s’est emballés vite. Mais une fois dans le lit, la magie a disparu. Je ne me sentais pas du tout connecté, j’étais ailleurs. Plus ça durait, plus je pensais à ce que je faisais là. Je sentais que mon corps lâchait, alors j’ai préféré simuler plutôt que de perdre totalement l'érection. Par fierté, sûrement. »

Arthur*, 35 ans : « Avec ma femme, on essayait d’avoir un enfant. Pendant la période d'ovulation, c’était devenu une vraie mission. Mais moi, au fond, je doutais. Je savais pas si j’étais vraiment prêt. Alors, plusieurs fois, j’ai fait semblant de jouir, juste pour éviter que ça marche. C’est dur à avouer, mais c’était plus fort que moi. On n’a jamais eu de bébé… et on s’est séparés quelques mois plus tard. »

Loïc*, 40 ans : « Je suis en couple avec mon mec depuis des années, et on a une belle relation. Mais il y a des soirs où j’ai juste envie d’être tranquille. Quand je sais que ça ne viendra pas, que je ne suis pas dedans, je simule. Pas pour mentir, juste pour ne pas blesser. Et parfois aussi… pour aller finir ma série. »

Que faire quand on simule trop souvent ?

Simuler de temps en temps, ça peut arriver. Mais quand ça devient un réflexe, un automatisme, il est peut-être temps de se poser les bonnes questions. Bonne nouvelle : des solutions existent, et non, elles ne passent pas par la honte ou le silence.

Parler, plutôt que jouer un rôle

Votre partenaire n’a probablement pas envie d’assister à un faux orgasme bien ficelé. Il ou elle préférera largement une conversation honnête. Expliquer ce qui se passe, ou ce qui ne se passe pas, peut désamorcer bien des tensions et ouvrir la voie à plus de complicité dans l’intimité.

Vérifier que tout va bien côté santé

Si l’orgasme vous échappe régulièrement, mieux vaut consulter un urologue. Un petit bilan peut permettre de détecter un éventuel trouble physiologique (et parfois de le traiter facilement). Inutile de rester seul avec vos doutes.

Se faire accompagner par un sexologue

Quand le blocage est plutôt d’ordre mental, émotionnel, ou relationnel, un sexologue peut vous aider à y voir plus clair. Apprendre à se détendre, à lâcher prise, à se reconnecter à ses sensations… ça s’apprend. Et parfois, quelques séances suffisent à changer la donne.

Rebooster les sensations

Un cockring pour intensifier l’érection, un plug anal pour explorer d’autres zones de plaisir, ou un masturbateur à utiliser à deux pendant les préliminaires : certains sextoys peuvent vraiment faire la différence. Ce n’est pas tricher, c’est s’amuser autrement.

Espacer les solos

Se masturber, bien sûr que c’est sain. Mais le faire trop souvent peut parfois réduire la sensibilité, voire la motivation, surtout juste avant un rapport. L’idée n’est pas de tout arrêter, mais de retrouver un certain équilibre pour garder l’envie intacte quand vient le moment à deux.

Loin d’être un tabou, l’orgasme simulé chez les hommes existe, et il raconte souvent quelque chose de plus profond que le simple fait de “faire semblant”. Pression, fatigue, doute ou routine, les raisons sont multiples, mais aucune n’est une fatalité. En parler, explorer, s’écouter: c’est aussi ça, prendre soin de sa vie sexuelle.

*pseudonymes