Nos conseils pour mieux atteindre l’orgasme

Publié le 21 décembre 2021 et mis à jour le 27 août 2025 par Louise Paitel
Nos conseils pour mieux atteindre l’orgasme

L’orgasme est défini comme une « libération soudaine et involontaire de la tension sexuelle » (Nagoski, 2015), qui peut s’accompagner de contractions des muscles du plancher pelvien, d’un plaisir intense, d’une sensation de plénitude, d’une hypersensibilité génitale, ainsi que d’autres changements corporels et émotionnels, généralement après une forte excitation sexuelle (Mah & Binik, 2002).

Bien qu’il ne soit pas la finalité unique de la sexualité, il demeure une composante importante de la satisfaction sexuelle (Laan & Rellini, 2011). Chez certaines personnes, toutefois, l’orgasme est difficile ou impossible à atteindre, malgré une stimulation jugée adéquate. Ces situations sont regroupées sous les termes d’anorgasmie ou de dysfonction orgasmique.

Définitions cliniques

Chez la femme, la dysfonction orgasmique se caractérise par l’absence, le retard, la rareté ou la diminution marquée de l’intensité de l’orgasme, provoquant une détresse marquée, dans au moins 75 % des rapports sexuels et pendant au minimum six mois (DSM V, APA, 2013). Sa prévalence est variable : entre 16 % et 28 % dans la plupart des régions du monde, et jusqu’à 46 % dans certains pays d’Asie (Laumann et al., 1999 ; Palacios et al., 2009 ; West et al., 2004 ; Zhang et al., 2017).

Chez les hommes, l’anorgasmie ou l’orgasme retardé est un retard ou une absence persistant(e) ou récurrent(e) de l'orgasme, après une phase d'excitation sexuelle normale au cours d'une activité sexuelle jugée adéquate en termes de concentration, d'intensité et de durée. Les hommes diagnostiqués éprouvent donc des difficultés à atteindre l’orgasme et à éjaculer. Ce trouble provoque une détresse marquée ou des difficultés interpersonnelles (DSM V, APA, 2013). Sa prévalence est estimée à 1 à 4 %, ce qui en fait l’un des troubles sexuels masculins les moins fréquents et les moins étudiés (Chen, 2016).

La dysfonction orgasmique peut être permanente (présente depuis toujours) ou acquise (apparaissant après une période de fonctionnement normal), et généralisée (dans toutes les situations) ou situationnelle (seulement dans certaines conditions).

Des disparités selon le genre et l’orientation sexuelle

Dans une enquête de grande ampleur, 64 % des femmes contre 91 % des hommes ont connu un orgasme lors de leur dernier rapport sexuel (Mintz, 2017). Aussi, Garcia et al. (2014) ont rapporté que les femmes atteignent l’orgasme environ 60 % du temps avec un partenaire masculin et 75 % avec un partenaire féminin, alors que les hommes se situent entre 80 % et 85 %, quel que soit le genre du partenaire.

Ces écarts nous rappellent l’existence de ce que les Anglais appellent « l’orgasm gap », c’est-à-dire la différence existante entre la fréquence des orgasmes masculins et féminins. Cela met en lumière un premier facteur éducationnel et social du trouble orgasmique.

Les causes biologiques

Pour les femmes, la dysfonction orgasmique peut être dûe, entre autres, à :

  • Des dysfonctionnements des muscles du plancher pelvien,
  • Des changements hormonaux (ménopause, contraceptifs hormonaux, traitements hormonaux),
  • Des effets secondaires médicamenteux (antidépresseurs ISRS, antihypertenseurs, analgésiques, chimiothérapie),
  • Des pathologies chroniques (diabète, sclérose en plaques, maladies vasculaires),
  • Des lésions nerveuses post-chirurgicales ou traumatiques (Marchand, 2021).

Pour les hommes, l’anorgasmie ou l’orgasme retardé peut être dû entre autres, à :

  • Des pathologies chroniques, neurologiques ou endocriniennes,
  • Des effets secondaires de médicaments,
  • Une dysfonction érectile associée,
  • Un style masturbatoire difficile à reproduire avec un.e partenaire (Perelman & Rowland, 2006).

Les causes psychologiques

Chez les deux sexes, les facteurs psychologiques du trouble orgasmique incluent entre autres :

  • L’anxiété de performance et l'injonction à l'orgasme,
  • Des difficultés psychologiques telles que la dépression, l’anxiété, la faible estime de soi,
  • Une image corporelle négative, des pensées négatives et un manque d’informations sur la sexualité,
  • Des pressions culturelles ou religieuses limitant l’expression du plaisir sexuel (Marchand, 2021),
  • Des expériences sexuelles non désirées ou traumatiques (Rowland et al., 2018) et leurs séquelles émotionnelles (Tavares et al., 2018),
  • Des facteurs relationnels, tels que la qualité de la communication, la satisfaction relationnelle, la générosité sexuelle du partenaire… (Barnett & Melugin, 2016).

Physiologie et réponse sexuelle

Les sexologues Masters & Johnson (1966) ont décrit la réponse sexuelle comme l’aboutissement d’un cycle comportant l’excitation (1), la phase de maintien de l’excitation (2), l’orgasme (3) et la phase de résolution (retour au calme) (4). Les approches plus récentes insistent sur la nature multidimensionnelle de l’orgasme, où les dimensions émotionnelles, cognitives et relationnelles sont aussi importantes que la stimulation physique (Basson, 2000 ; Kaplan, 1979).

Or, lors d’une difficulté à atteindre l’orgasme, la réponse sexuelle observe des variations lors de la phase de plateau (2), avant de passer à la phase de résolution (4) (Adam et al., 2015). Ce n’est pas pour autant que la personne ne ressent pas de plaisir, bien au contraire, car la phase de plateau dure souvent plus longtemps. C’est simplement qu’elle n’atteint pas le seuil de non-retour qui déclenche automatiquement l’orgasme.

Stratégies et techniques pour favoriser l’orgasme

  • Développer la conscience corporelle : L’intéroception, c’est-à-dire la capacité à percevoir les signaux internes (rythme cardiaque, respiration, tension musculaire…), est associée à une fréquence orgasmique plus élevée (Klabunde et al., 2024). Des pratiques comme le yoga, la respiration consciente ou le body scan sont utiles.
  • Réduire les pensées parasites : La pleine conscience (mindfulness) permet de se concentrer sur les sensations, de réduire les pensées distractives (Brotto et al., 2012) et l’expérience de spectatoring (s’observer de l’extérieur en ayant des pensées critiques). Une étude a montré que les femmes qui parvenaient à atteindre l’orgasme avaient appris à diriger leur attention vers leurs sensations corporelles, leurs fantaisies érotiques, et la rediriger vers les stimuli érotiques lors de phases de déconcentration (Adam & Grimm, 2023).
  • Exploration solo : La masturbation aide à identifier les zones et les rythmes qui mènent plus facilement à l’orgasme (Herbenick et al., 2010). La connaissance anatomique est également primordiale, puisque dans les études, le taux d’orgasme peut augmenter de 41 % après une seule séance d’éducation sexuelle, comprenant un support audiovisuel (Jankovich & Miller, 1978 ; Kilmann et al., 1983).
    Utilisation de sextoys (voir section suivante).
  • Communication : Exprimer ses préférences, guider son.sa partenaire et donner un retour clair, toujours dans la bienveillance, favorise une stimulation adaptée (Barnett & Melugin, 2016). Ainsi, au fur et à mesure du temps, la connaissance de son propre corps et de celui de l’autre augmente, ce qui favorise le plaisir.

Spécificités pour les femmes

La stimulation clitoridienne est nécessaire pour atteindre l’orgasme pour 70 à 80 % des femmes (Levin, 2003). Les femmes ne devraient donc pas hésiter à se stimuler manuellement ou avec un sextoy pour atteindre plus facilement l’orgasme avec un.e partenaire et ne pas compter sur la seule pénétration. En effet, la pénétration peut stimuler la partie interne du clitoris, car ce dernier s’étend sur environ 9 cm autour du vagin (O’Connell et al., 2005), mais la stimulation externe reste plus accessible et efficace chez la plupart des femmes. Une étude montre par exemple que la stimulation clitoridienne par un vibrateur a amélioré l’orgasme pour 65 % des femmes interrogées (Guess et al., 2017).

Aussi, pendant la pénétration, certaines techniques peuvent être utiles (Hensel et al., 2021) pour améliorer l’expérience de plaisir :

  • Angling : inclinaison du bassin pour cibler des zones internes spécifiques.
  • Rocking : frottement du clitoris pendant la pénétration.
  • Shallowing : pénétration partielle, à l’entrée du vagin.
  • Pairing : stimulation clitoridienne externe simultanée.
  • Le pompoir (contraction volontaire des muscles vaginaux) peut également intensifier les sensations ressenties et favoriser l’orgasme. Sans oublier que des préliminaires prolongés augmentent l’excitation, la lubrification et la réceptivité au plaisir.

Spécificités pour les hommes

La musculation du plancher pelvien (notamment grâce aux exercices de Kegel) améliore la qualité des érections, le contrôle éjaculatoire et l’intensité orgasmique (Hall et al., 2018). Aussi, une technique comme l’Edging (alterner des moments de stimulation et de pauses) peut aider l’homme à apprivoiser le moment où arrive l’orgasme (Ozbek, 2025). La diversification des stimulations (périnéale, anale, prostatique, génitale), peut enrichir la palette sensorielle et amplifier les sensations de plaisir. Ainsi, des vibrateurs péniens peuvent restaurer la capacité orgasmique chez 72 % des hommes ayant une dysfonction orgasmique (Nelson et al., 2007). Dans la même idée, varier les styles de masturbation peut diversifier les apports sensoriels pour éviter le conditionnement à une méthode unique qui mène à l’orgasme (Perelman & Rowland, 2006).

Travailler sur les facteurs limitants

La fatigue, le stress, l’anxiété peuvent inhiber la réponse orgasmique, de même que la sédentarité (Salari et al., 2025). A l’inverse, une bonne santé cardiovasculaire, une activité physique régulière et un mode de vie équilibré favorisent la réponse sexuelle (McCool-Myers et al., 2018).

Les sexothérapies centrées sur le Sensate Focus (exercice d’exploration corporelle et sensorielle progressive, sans objectif de performance) montrent de bons résultats pour améliorer la réponse orgasmique (Binik & Hall, 2014). De même, la masturbation dirigée, technique issue de la thérapie cognitivo-comportementale et de la pleine conscience, consiste en une exposition progressive à la stimulation génitale, associée à :

  • Un travail sur l’attention aux signaux sexuels,
  • L’amélioration du confort face aux sensations érotiques,
  • L’usage éventuel de stimulateurs génitaux ou de fantasmes érotiques,
  • La réduction de l’anxiété et du spectatoring,
  • La remise en question des croyances négatives sur la sexualité (Heiman & LoPiccolo, 1988).

N’hésitez pas à consulter un.e sexologue pour en parler et / ou débuter un travail autour de ces techniques !

Conclusion

L’orgasme est une expérience à la fois physiologique et psychologique influencée par des facteurs individuels, relationnels et contextuels. Chez les personnes présentant une difficulté orgasmique, une approche multidimensionnelle alliant compréhension du corps, affirmation de ses besoins et techniques spécifiques offre de réelles possibilités d’amélioration. La clé réside souvent dans la patience, l’exploration et la bienveillance envers soi-même. Comme le souligne Emily Nagoski, l’orgasme est moins adapté à la mesure du bien-être sexuel que le plaisir en général (Nagoski, 2015). Et la diversité des pratiques, la fréquence, l’ambiance et l’intimité émotionnelles entre les partenaires jouent également un rôle déterminant dans la satisfaction sexuelle (Gouvernet et al., 2023).

Ce contenu a été écrit par Louise PAITEL , Psychologue clinicienne et sexologue diplômée, chercheuse à l’Université Côte d’Azur de Nice. Elle accompagne LOVE AND VIBES en apportant une approche scientifique et bienveillante de la sexualité.

Références

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