Qu’est ce que la dyspareunie ?
La dyspareunie se caractérise par des rapports sexuels douloureux. Elle entraîne un inconfort physique, mental, et une difficulté à poursuivre le rapport, pouvant entraîner des incompréhensions au sein du couple. En effet, des douleurs génitales répétées pendant les rapports sexuels peuvent entraîner un évitement, une limitation ou un arrêt des rapprochements intimes.
La prévalence mondiale de la dyspareunie chez l'homme est de 5 %. Ce trouble peut apparaître dès le début de la vie sexuelle ou après une période de fonctionnement sexuel relativement normal. Les symptômes peuvent être d’origine psychologique (anxiété, stress, reviviscence traumatique…), organique (anatomique, neurologique, infectieuse ou inflammatoire) ou combiner les deux (Delcea, 2019).
La dyspareunie masculine est encore un sujet difficile à aborder pour les hommes. Pourtant, dans une étude sur 4 290 australiens âgés de 16 à 64 ans, 5 % déclaraient des douleurs à la miction, 5 % des douleurs liées aux rapports sexuels et 12 % d'autres douleurs pelviennes chroniques (Pitts et al., 2008). Il est donc primordial de libérer la parole sur les douleurs sexuelles chez les hommes, et que ces derniers puissent rapidement consulter un spécialiste pour éviter toute souffrance prolongée.
Causes fréquentes de la douleur sexuelle masculine
Manque de lubrification
L'insuffisance de lubrification et la sécheresse qui en résulte peuvent entraîner une augmentation de la friction pendant les rapports sexuels. Cela génère un inconfort et, dans certains cas, des irritations, voire des micro-lésions cutanées au niveau du pénis (Baber & Mears, 2007).
Infections sexuelles et affections médicales
Les douleurs lors des rapports peuvent aussi être le signe d'infections sexuellement transmissibles (IST) telles que la chlamydia, la gonorrhée, et l'herpès génital… qui peuvent causer une inflammation et des douleurs lors de l’éjaculation. Entre autres, les maladies dermatologiques (lichen scléreux…), la balanite (une inflammation du gland), l’infection urinaire, la prostatite, la maladie de La Peyronie, un phimosis (rétrécissement du prépuce) ou un frein trop court, peuvent également rendre les rapports sexuels douloureux.
De telles affections organiques nécessitent un traitement médical, ou plus rarement une intervention chirurgicale. Consulter un professionnel de santé et procéder à un dépistage des IST si besoin (les CEGIDD en proposent gratuitement et anonymement) peuvent vous aider à recevoir un traitement précoce et à éviter des complications.
Allergies à certains produits
Les allergies aux préservatifs en latex ou aux composants de certains lubrifiants peuvent également provoquer des démangeaisons ou des irritations, voire des brûlures. Si vous suspectez une réaction allergique, utilisez plutôt des produits hypoallergéniques et sans parfum.
Facteurs physiques et physiologiques
Positions sexuelles
La douleur ressentie pendant les rapports sexuels peut provenir de certaines positions qui exercent une contrainte excessive sur le pénis, en particulier si l’angle de pénétration n’est pas optimal ou si les mouvements des partenaires sont mal coordonnés. Lorsque le pénis est soumis à une pression inhabituelle ou forcée, des douleurs peuvent survenir pendant ou après l’acte. Par ailleurs, des mouvements lents et contrôlés sont moins susceptibles de causer de la douleur que des mouvements rapides et vigoureux, que ce soit pour l’homme ou son.sa partenaire.
Traumatismes et blessures physiques
Des mouvements précipités pendant l'activité sexuelle peuvent entraîner diverses blessures ou douleurs. Par exemple, si le pénis, au lieu de pénétrer, heurte l’os pubien, la fesse ou le périnée du.de la partenaire, cela peut entraîner un traumatisme de l’albuginée, la fine membrane entourant les corps caverneux de la verge. La verge peut alors présenter un hématome, entraînant une vive douleur. Dans ce cas, il faut se rendre rapidement aux urgences.
Outre cette situation (rare), d’autres blessures plus modérées – comme une déchirure du frein, des élongations ou des micro-traumatismes tissulaires – peuvent survenir lors de rapports mal coordonnés. Ces incidents sont souvent favorisés par un manque de communication ou un enthousiasme non contrôlé.
Pour éviter ce genre d’accidents, il est essentiel de communiquer et de coordonner ses attentes avec celles de l’autre. Avant, pendant et après le rapport sexuel, les partenaires peuvent échanger sur leurs préférences, leurs limites et leur niveau de confort. Cela concerne par exemple le choix des positions, le rythme ou encore la profondeur de pénétration. Un dialogue ouvert et l’utilisation d’un safeword convenu à l’avance permettent de réagir immédiatement si un geste devient douloureux ou inconfortable.
Les partenaires peuvent également être attentifs aux signes non verbaux, car la douleur ou l'inconfort ne sont pas forcément verbalisés tout de suite. Tension musculaire accrue, crispation, retrait ou expressions de gêne sont autant de signaux qu’il faut savoir reconnaître pour interrompre ou ajuster l’acte. La communication et le consentement sont donc essentiels afin de prévenir de tels incidents. Et mieux vaut prévenir que guérir, d’autant plus que certains traumatismes peuvent entraîner des douleurs chroniques si une prise en charge rapide n’est pas assurée.
Traumatismes et blessures psychologiques
Dans l’étude australienne précédemment citée, les hommes signalant des douleurs pelviennes étaient plus susceptibles de déclarer une expérience sexuelle où ils s'étaient sentis forcés ou effrayés (Pitts et al., 2008). Un rapport sexuel sans une communication respectueuse, claire et soutenante peut raviver des expériences traumatiques passées et participer à réveiller la douleur physique. En effet, l’appréhension ou la peur peuvent provoquer une tension musculaire involontaire dans la région pelvienne (mécanisme de contraction réflexe des muscles du plancher pelvien sous l’effet du stress ou de l’anxiété), qui accentue la douleur (Anderson et al., 2009). Cela finit par créer un cercle vicieux autour de la tension et de la douleur, menant à l’évitement des rapports sexuels.
De même, dans cette étude, un diagnostic de dépression et / ou d'anxiété était plus susceptible d’être associé à toutes les formes de douleurs pelviennes (Pitts et al., 2008). En effet, la douleur intermittente ou chronique peut également entraîner une fatigue persistante, des symptômes dépressifs et un stress important, altérant à leur tour la qualité de vie et la fonction sexuelle (Ferris et al., 2010). La pression d’être performant peut également conduire l’homme à être tellement stressé qu’il souffre d’une hypertension douloureuse de la zone pelvienne.
Consultation d’un professionnel de santé et traitements
Lorsqu’un homme ressent une douleur pendant ou après les rapports sexuels, il est essentiel de ne pas ignorer ce signal du corps et de ne pas laisser la douleur s’installer et devenir une source de stress ou de souffrance chronique.
Une consultation auprès d’un professionnel de santé (médecin généraliste, urologue, sexologue, dermatologue), permet de poser un diagnostic précis et d’identifier l’origine de la dyspareunie. Le traitement dépendra alors de la cause identifiée. En cas de pathologie infectieuse, des antibiotiques ou antifongiques seront prescrits. Lorsque la douleur est liée à un trouble anatomique comme un frein trop court, un phimosis ou une maladie de La Peyronie, des interventions chirurgicales simples peuvent être envisagées. Ces dernières offrent des taux de réussite élevés en termes de soulagement de la douleur et d’amélioration de la qualité de vie sexuelle (Galosi, Perdonà, & Gallo, 2010). Quant aux douleurs d’origine dermatologique (comme le lichen scléreux), elles nécessitent des crèmes spécifiques ou des soins chirurgicaux ciblés.
Lorsque l’origine est psychologique (une dépression, un traumatisme passé) ou mixte (par exemple, une anxiété de performance associée à une douleur organique), il est recommandé de se tourner vers un accompagnement médical, une sexothérapie, une thérapie cognitivo-comportementale, pratiquer la relaxation, voire entamer une rééducation périnéale avec un kinésithérapeute spécialisé. L’objectif est de réduire la douleur, restaurer la confiance en soi et permettre une reprise sereine de la vie sexuelle.
Il est important de noter ici que les hommes souffrent de préjugés concernant leur douleur. Dans un article (Leeds Beckett University, 2012), le Dr Tashani explique notamment que « la masculinité acquise encourage le stoïcisme et la tolérance à la douleur ». Ainsi, le poids des stéréotypes masculins agit comme un frein à l’expression de la douleur et à l’accès aux soins (Keogh & Boerner, 2020), pourtant nécessaires. Sans changement culturel et sans mobilisation des hommes pour leur santé, les souffrances masculines, notamment sexuelles, risquent de rester trop longtemps ignorées. Nous en profitons pour encourager les hommes à parler de leur santé si nécessaire et à en prendre soin.
En conclusion
Il ne faut pas hésiter à parler de vos douleurs à un professionnel : les dyspareunies masculines sont plus fréquentes qu’on ne le pense, et des solutions efficaces existent. Plus la prise en charge est précoce, plus les chances de guérison sont rapides et durables, notamment pour éviter que la douleur ne devienne chronique ou n’engendre des troubles psychosexuels associés (Tripp et al., 2022). Aussi, entre les partenaires, respect, écoute et vigilance sont les meilleurs moyens de s’assurer que le plaisir reste plaisir et ne se transforme pas en douleur.
Ce contenu a été écrit par
Louise PAITEL
, Psychologue clinicienne et sexologue diplômée, chercheuse à l’Université Côte d’Azur de Nice. Elle accompagne LOVE AND VIBES en apportant une approche scientifique et bienveillante de la sexualité.
Les recommandations de La LOVE Team:
Le choix du lubrifiant
Lors du
choix d'un lubrifiant
, il est important de considérer le type de base du produit. Les lubrifiants à base d'eau sont souvent recommandés ; ils sont doux pour la peau, faciles à nettoyer et compatibles avec la plupart des préservatifs et sextoys. De plus, ils ne tachent pas les tissus, ce qui en fait un choix pratique pour de nombreux utilisateurs.
Les lubrifiants à base d'eau sont également bénéfiques pour ceux qui ont des peaux sensibles, car ils sont généralement hypoallergéniques. Cela dit, il existe d'autres types de lubrifiants, tels que ceux à base de silicone ou d'huile, qui peuvent offrir une durée de lubrification plus longue. Cependant, ils ne sont pas toujours compatibles avec tous les types de sextoys, en particulier ceux en silicone, et peuvent dégrader certains matériaux.
Enfin, lors de l'utilisation de lubrifiant, assurez-vous que la quantité appliquée est suffisante pour maintenir une bonne lubrification tout au long de l'activité sexuelle. Une bonne pratique consiste à réappliquer le lubrifiant si nécessaire, surtout lors de rapports prolongés ou très actifs.
Utilisation correcte des sextoys
L'utilisation de sextoys peut améliorer votre vie sexuelle, mais leur mauvaise utilisation peut aussi causer de la douleur. Pour ceux qui sont nouveaux dans l'utilisation de sextoys, il est recommandé de commencer avec des produits spécialement
conçus pour les débutants
. Ces sextoys sont souvent de taille plus modeste et ont des formes ergonomiques qui facilitent une introduction douce.
La composition matérielle du sextoy est également à considérer. Les sextoys fabriqués à partir de matériaux plus doux, comme le silicone médical, sont généralement plus confortables et s'adaptent mieux aux contours du corps. Le silicone est non seulement doux, mais aussi non poreux, ce qui le rend facile à nettoyer et sûr pour le corps, réduisant ainsi le risque d'irritations ou d'infections.
Références
- Anderson, R. U., Orenberg, E. K., & Morey, A. (2009). Stress-induced pelvic floor muscle tension in men with dyspareunia and chronic pelvic pain. The Journal of Urology, 182(5), 2319–2324.
- Baber, R. J., & Mears, A. J. (2007). The role of mucosal lubrication in preventing genital irritation. Sexual Health, 4(3), 175–182.
- Delcea, C. (2019). Dyspareunia in men. International Journal of Advanced Studies in Sexology, 1(1), 48–52.
- Ferris, J. A., Pitts, M. K., Richters, J., Shelley, J. M., & Smith, A. M. (2010). National prevalence of urogenital pain and psychological distress in Australian men. BJU International, 105(3), 373–379.
- Galosi, A. B., Perdonà, S., & Gallo, A. (2010). Effects of frenulectomy for treatment of short frenulum on sexual function. The Journal of Sexual Medicine, 7(3), 1138–1143.
- Keogh E., & Boerner, K. E. Exploring the relationship between male norm beliefs, pain-related beliefs and behaviours: An online questionnaire study. European Journal of Pain, 24(2):423-434.
Leeds Beckett University. (2012, April 10). Masculinity increases pain threshold, study reveals [Press release]. Leeds Beckett University.
Pitts, M., Ferris, J., Smith, A., Shelley, J., & Richters, J. (2008). Prevalence and correlates of three types of pelvic pain in a nationally representative sample of Australian men. The Journal of Sexual Medicine, 5(5), 1223–1229.
Tripp, D. A., Curtis Nickel, J., Bruenahl, C. A., & Ahyai, S. (2022). Psychological and physical predictors of resolution in male dyspareunia: A systematic review. Journal of Psychosomatic Research, 150, 110672.