Orgasme prostatique : le guide ultime pour tout comprendre et explorer

Publié le 31 mai 2021 et mis à jour le 29 septembre 2025 par Louise Paitel
Orgasme prostatique : le guide ultime pour tout comprendre et explorer

Le point G féminin est souvent évoqué comme une zone particulièrement sensible, susceptible de procurer un plaisir intense lorsqu’il est stimulé. De manière comparable, les hommes disposent eux aussi d’une zone érogène spécifique : la prostate, communément désignée sous le nom de point P. Sa stimulation peut conduire à des orgasmes d’une intensité remarquable, parfois rapprochés de ceux décrits chez la femme.

Le thème de l’orgasme prostatique occupe une place encore marginale dans la recherche scientifique et médicale, bien qu’il suscite un intérêt croissant dans le champ de la sexologie et des études de genre. Alors que l’orgasme pénien-éjaculatoire est largement étudié, l’idée que la prostate puisse constituer un centre érogène à part entière reste relativement méconnue du grand public, souvent entourée de tabous, voire associée à des représentations négatives (Dueñas, 2022).

Qu’est-ce que l’orgasme prostatique ?

Parfois nommé « orgasme du point P », il se définit comme une expérience orgasmique déclenchée spécifiquement par la stimulation de la prostate, généralement par voie anale, que ce soit par les doigts, un sextoy ou la pénétration (Levin, 2018). Les témoignages rapportent un orgasme plus « profond », « corporel » et « diffus », souvent dissocié de l’éjaculation, ce qui le distingue de l’orgasme pénien classique (Arendt, 2023). Accompagné d’une impression de « perte de contrôle », il peut générer des résistances psychologiques (Dueñas, 2022).

D’emblée, cette définition souligne deux points importants : premièrement, différencier orgasme et éjaculation, trop souvent confondus dans la culture occidentale ; deuxièmement, replacer la prostate comme organe sexuel à part entière, et non comme une simple glande impliquée dans la reproduction.

Anatomie et physiologie de la prostate

La prostate est une glande de la taille d’une noix, située sous la vessie et entourant l’urètre, jouant un rôle double dans les fonctions urinaires et génitales (McNeal, 1988).

Elle assure plusieurs fonctions :

Anatomie et physiologie de la prostate
  • Elle contribue de 10 à 30 % au liquide séminal (Arendt, 2023),
  • Elle sécrète des enzymes et des protéines facilitant la mobilité et la survie des spermatozoïdes (Cox et al., 2019 ; Arendt, 2023),
  • Elle produit des antigènes spécifiques prostatiques (PSA), permettant la liquéfaction du sperme,
  • Elle se contracte en coordination avec les canaux déférents pour expulser le sperme lors de l’éjaculation.

La position anatomique de la prostate, son innervation dense et sa proximité avec les canaux éjaculateurs en font un organe privilégié pour déclencher des sensations sexuelles (Levin, 2018).

Témoignages et vécu subjectif

De nombreux témoignages recueillis par la sexologue Delphine Dueñas dans son travail (2022) montrent que les hommes qualifient cet orgasme de « plus intense » et « plus complet » que l’orgasme pénien. Certains auteurs le rapprochent de l'orgasme féminin, notamment par son aspect prolongé et sa construction progressive. En effet, il nécessite un temps d’apprentissage plus long (​Arendt, 2023) pour permettre aux hommes d’intégrer cette source de plaisir comme une extension de leur sexualité habituelle (Komisaruk et al., 2004).

Données sur les pratiques anales

Une étude récente indique que l'exploration anale n'est plus marginale chez les hommes hétérosexuels. En effet, 59 % des hommes hétérosexuels n’ayant jamais eu de rapport avec un autre homme déclarent avoir déjà expérimenté une pénétration anale (incluant anulingus , doigts ou sextoy). Aussi, 44 % rapportent avoir pratiqué la masturbation anale en solo, et 22 % des femmes disent avoir déjà pénétré l’anus de leur partenaire masculin, de manière occasionnelle pour 9 % et régulière pour 2 % (Arendt, 2023).

Ces chiffres témoignent d’une ouverture croissante à l’expérimentation, malgré la persistance de nombreux tabous et de craintes.

"Sans transformer cette pratique en un objectif sexuel à performer, la sexualité prostatique pourrait devenir un sujet d’éducation sexuelle. Elle pourrait aider l’homme à développer sa sexualité d’une manière plus globale, en le décentrant du phallus. En effet, en ajoutant une composante « intéroceptive » au plaisir sexuel, le massage prostatique vient remanier le concept de la masculinité et de la sexualité masculine." - Delphine Dueñas, sage-femme sexologue -

Les différents types d’orgasmes masculins

Pour comprendre en quoi l’orgasme prostatique est différent des autres, il convient de distinguer les orgasmes masculins :

  • Prostatique, qui peut survenir avec ou sans éjaculation, et parfois avec une éjaculation rétrograde (où le sperme remonte dans la vessie),
  • Anal, lié à la stimulation de l’anus (richement innervé),
  • Pénien, classiquement associé à l’éjaculation (Arendt, 2023)

Multi-orgasmie et absence d’éjaculation

Des témoignages cliniques et des études de cas suggèrent que l’orgasme prostatique facilite la multi-orgasmie masculine, phénomène rare avec l’orgasme pénien-éjaculatoire (Levin, 2018). Cette possibilité découle du fait que l’orgasme prostatique peut survenir sans éjaculation, évitant ainsi la phase réfractaire (ou phase de repos). L’orgasme prostatique permet également des orgasmes simultanés, combinant plaisir anal, prostatique et pénien (Arendt, 2023).

schéma lde la capacité multi-orgasmique de l’homme

Dans son livre « Le Traité d’Aneros », Adam M. représente par ce schéma la capacité multi-orgasmique de l’homme. Au lieu d’une éjaculation après la phase d’excitation et de plateau (1), la stimulation de la prostate permet d’avoir des orgasmes répétés sans éjaculation (2), et d’atteindre un orgasme plus intense avec une stimulation pénienne, et donc une éjaculation.

Bénéfices thérapeutiques

Arendt (2023) avance que le massage prostatique peut être bénéfique pour :

  • Réduire l’anxiété de performance sexuelle,
  • Retrouver du plaisir chez les hommes souffrant de dysfonction érectile,
  • Améliorer la perception des sensations chez les hommes atteints d’anéjaculation ou de retard éjaculatoire.

​Bien sûr, des contre-indications médicales sont également à prendre en compte (hémorroïdes, prostatite, douleurs, cancer de la prostate suspecté ou avéré, etc.) pour ne pas pratiquer le massage prostatique.

Obstacles, tabous et résistances culturelles

Plusieurs freins sont identifiés chez les hommes (Dueñas, 2022 ; Arendt, 2023) :

  • Tabous sociétaux liant la pénétration anale à l’homosexualité,
  • Représentation de la pratique comme « sale » ou médicale,
  • Crainte d’une perte de virilité et d’une atteinte à l’identité masculine,
  • Peur de la douleur ou d’un plaisir inconnu,
  • Appréhension de ne plus désirer d’autres pratiques si l’orgasme prostatique est jugé « supérieur »,
  • Peur de demander au.à la partenaire et peur d’être jugé.

Certaines partenaires féminines expriment aussi des réticences :

  • Vision anti-anatomique ou perçue comme « non naturelle »,
  • Sentiment de renversement de rôles (de pénétrée à pénétrante),
  • Peur d’un désir inconnu ou d’un rapport jugé « sale »,
  • Crainte de ne plus être objet de désir, mais simple outil du plaisir de l’autre,
  • Angoisse de performance et peur de mal faire.

Apprentissage et « érotisation »

Dueñas insiste sur l’importance de l’apprentissage sensoriel. De la même manière qu’une femme peut apprendre à érotiser son vagin, l’homme peut apprendre à érotiser sa prostate par un processus impliquant relaxation-contraction, respiration et répétition (Dueñas, 2022). En effet, l’orgasme prostatique nécessite patience, exploration et lâcher-prise, le rapprochant de l’apprentissage de l’orgasme féminin. Cette comparaison peut permettre de renforcer la compréhension mutuelle chez les couples hétérosexuels (Arendt, 2023).

Techniques de préparation

Tout d’abord, les exercices de Kegel peuvent être pratiqués régulièrement. Ils permettent de muscler et de mieux conscientiser le plancher pelvien, afin d’apprivoiser les sensations de contraction-décontraction. Aussi, la relaxation et la respiration (grâce à la cohérence cardiaque, par exemple) favorisent le relâchement nécessaire à la stimulation prostatique. Une bonne hygiène est également importante : elle peut inclure la vidange intestinale et la douche anale , sans oublier l'utilisation de lubrifiant. Enfin, un préambule érotique, tel que des caresses et / ou des massages de l’anus et du périnée (la zone située entre le scrotum et l’anus), constitue une étape essentielle de la préparation (Arendt, 2023).

Alors, comment trouver la prostate ?

La prostate se trouve environ à 7 cm dans le rectum, en direction de la paroi antérieure (vers le ventre).

Pour être agréable, la stimulation doit respecter certaines règles :

  • Progressivité : pénétration lente, 1 cm à la fois, pour éviter les contractions défensives,
  • Communication entre partenaires : respect du rythme et des signaux corporels,
  • Stimulation douce faite de pressions, mouvements circulaires ou de bascule sur la glande.
trouver la prostate

Guide du massage prostatique par étapes

1. Préparation et relaxation

En solo, adoptez la position allongée sur le dos, genoux repliés vers vous (position « chien de fusil »). En duo, privilégiez la position allongée sur le dos avec les fesses surélevées par un coussin et les genoux pliés. La lubrification est indispensable : appliquez généreusement du lubrifiant sur la zone anale, car celle-ci ne produit pas de lubrification naturelle.

Pour commencer, pratiquez des caresses sur le périnée et / ou l’anus, avec les doigts, la langue ou un jouet. Vous pouvez effectuer des cercles et des pressions douces jusqu’à ce que l’anus s’ouvre. Une fois le partenaire prêt, à chaque expiration, introduisez très lentement (1 cm à la fois) un doigt ou un jouet, en respectant le rythme de sa respiration. Veillez également à vérifier comment se sent votre partenaire. L’objectif est d’éviter toute douleur en passant progressivement les deux sphincters, le second étant le plus sensible.

2. Exploration et stimulation de la prostate

Insérez le doigt aux deux tiers dans l’anus pour localiser la prostate : elle se situe sur la partie antérieure du rectum, vers 11 h (si vous imaginez un cadran). Au toucher, elle se présente comme une petite boule à la fois ferme et souple. La lenteur est clé : ne bougez pas immédiatement et laissez la personne massée explorer ses sensations en effectuant de micro-contractions des sphincters. En effet, l’accueil de ces sensations peut être surprenant, et nécessite un temps d’adaptation et d’appropriation.

Une fois votre partenaire prêt, pratiquez des mouvements circulaires, de bascule ou de légères pressions pour stimuler sa prostate. En même temps, vous pouvez également exercer une légère pression sur son périnée (entre les testicules et l’anus), pour intensifier ses sensations. Vous pouvez faire 2 à 3 séances d’exploration de 30 minutes, avec au moins un jour de récupération entre chaque session.

Massage prostatique selon la position du partenaire :

masser la prostate

3. Rappel important sur la communication

La personne qui reçoit le massage doit guider son.sa partenaire en exprimant ses ressentis, ses envies, ainsi que le rythme et la pression souhaités. Les sensations nouvelles sont souvent indéfinissables, parfois même inconfortables (comme une envie d’uriner ou de petites décharges électriques). Le dialogue est donc primordial ! L’objectif est d’éviter la douleur et de favoriser l’exploration bienveillante des sensations internes. Aussi, il est normal que l'érection puisse fluctuer ou disparaître, cela fait partie du processus. Il est également normal que le pénis sécrète du liquide séminal pendant le massage.

Pour finir, contrairement aux idées reçues, il serait en réalité plus simple d’atteindre l’orgasme prostatique sans stimuler le pénis, surtout au début. En effet, lorsque les deux zones érogènes sont stimulées simultanément, le cerveau peut se sentir « submergé » et avoir du mal à isoler une sensation en particulier. Les sensations plus subtiles liées à la prostate risquent d’être masquées par l’intensité du plaisir pénien, ce qui complique leur reconnaissance et leur appropriation (Arendt, 2023).

Conclusion

L’orgasme prostatique nécessite l’intégration de la prostate comme un organe de plaisir dans les discours médicaux et sociaux. Cette ouverture culturelle permettrait aux hommes d’explorer de nouvelles perspectives de plaisir sans peur d’être stigmatisés. Il est aussi une opportunité de repenser les rôles et représentations de genre, pour une sexualité plus ouverte. Pratiquée avec douceur et communication, la stimulation prostatique est une occasion pour les hommes d’explorer différemment leur corps et leur sexualité, pour aller vers une meilleure compréhension de leurs sensations et de leur plaisir.

Ce contenu a été écrit par Louise PAITEL , Psychologue clinicienne et sexologue diplômée, chercheuse à l’Université Côte d’Azur de Nice. Elle accompagne LOVE AND VIBES en apportant une approche scientifique et bienveillante de la sexualité.

Les recommandations de la LOVE Team

Le petit plug anal

Idéal pour les débutants, le petit plug anal permet de découvrir la stimulation anale en douceur. Sa forme simple et progressive aide le corps à s’habituer aux sensations nouvelles sans inconfort. Utilisé avec un lubrifiant adapté, il constitue une excellente première étape pour apprivoiser cette zone érogène.

Le stimulateur prostatique manuel

Spécialement conçu avec une courbure ergonomique, le stimulateur prostatique manuel facilite l’accès direct à la prostate. Plus précis que l’usage du doigt, il permet d’explorer et de localiser ce point sensible avec efficacité. Sa manipulation manuelle offre un contrôle total sur la pression et l’intensité de la stimulation.

Le stimulateur prostatique vibrant ou va-et-vient

Pour une expérience plus intense, les modèles automatiques offrent des sensations proches d’un rapport sexuel. Le stimulateur vibrant procure des vibrations ciblées qui intensifient le plaisir prostatique, tandis que le modèle va-et-vient reproduit fidèlement les mouvements d’un partenaire. Ces jouets sophistiqués permettent une stimulation plus profonde et régulière, menant souvent à des orgasmes puissants.

Références

  • ​Adam, M. (2012). Le Traité d’Aneros. Nouveaux Plaisirs. https://www.nouveauxplaisirs.fr/le-traite-daneros-pdf
  • Arendt, L. (2023). Le plaisir prostatique [Communication orale]. Colloque SSUB - Société des Sexologues Universitaires de Belgique.
  • Cox, A., Jefferies, M. T., & Persad, R. (2019). Prostate structure and function. In Blandy’s Urology (pp. 509-521). Wiley.
  • Dueñas, D. (2022). Orgasme prostatique : mythe ou réalité ? [Mémoire de master, Nantes Université].
  • Komisaruk, B. R., Beyer-Flores, C., & Whipple, B. (2004). The science of orgasm. Johns Hopkins University Press.
  • Levin, R. J. (2018). Prostate-induced orgasms: A concise review illustrated with a highly relevant case study. Clinical Anatomy, 31(1), 81–85.
  • McNeal, J. E. (1988). Normal histology of the prostate. Urologic Pathology, The American Journal of Surgical Pathology, 2(8): 619-33.